Sunday 22 December 2013

Istanbul: une ville que je ne dois pas aimer




Chaque voyage en Turquie pour une Arménienne comme moi est une épreuve, un examen. Plus d’un million des Arméniens ont été exterminés en Turquie au début de 20e siècle (http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide_arm%C3%A9nien). Jusque maintenant, la Turquie ne reconnait pas le génocide commis par son gouvernement. En plus, les relations entre l’Arménie et la Turquie aujourd’hui sont très compliquées : pas de relations diplomatiques, un investissement des frontières terrestres de l’Arménie par la Turquie, les cas des répressions de la minorité arménienne qui survie encore en Turquie… 

Le Bosphore
En tant que journaliste, j’ai visité la Turquie cinq ou six fois. C’est toujours un voyage émotif. Je me pose des questions, je rencontre les gens qui sont différents – de moi, mais aussi des stéréotypes que j’ai de turcs, j’essaie de surmonter mes préjugés et mes idées préconçues, crées par la mémoire collective de mon peuple et par notre histoire tragique, j’essaie d’être objective. Et je trouve souvent des penseurs progressifs en Turquie qui me donne d’espoir que la paix et la réconciliation sont possibles.

Mais surtout, mes visites en Turquie sont une rencontre avec une des villes les plus vibrantes et les plus fascinantes du monde, Istanbul.

Tour Galata
Istanbul vous éblouira du premier moment de votre rencontre, par le bleu du Bosphore, le bleu de la mer Marmara, le bleu de la mer Noire, le bleu du ciel, le bleu de sa célèbre Mosquée Bleu. Istanbul vous étonnera par le quartier des arts autour du Tour Galata, par les nombreux pêcheurs sur les quais, les bâtiments du style Empire ottoman, un style qui ressemble parfois aux maisons Haussmann de Paris, mais qui est encore plus orné, avec une touche d’Orient. Istanbul, une ville avec laquelle il ne me fallait pas tomber amoureuse, mais comment puis-je résister ?

 Cette ville va vous offrir un mélange de l’ Europe et de l’Asie, qui vous ne verrez pas nulle part, ailleurs dans le monde. Et les personnages que vous rencontrerez ici, vous ne les oublierez jamais. Une jeune fille kurde, une étudiante à une des universités d’Istanbul, une fille de 18 ans tout comme ceux en Amérique du Nord, une fille qui porte des jeans et des chaussures des course.. Cette fille gagne de l’argent pour payer ses études en travaillant dans un café comme une voyante. Elle regarde votre tasse après que vous avez bu votre café trè fort, comme on le fait en Orient (et en Arménie, aussi) et elle vous dira tout, je vous jure! Un propriétaire d'un petit restaurant de poissonnerie sur la rive du Bosphore qui partage son narguilé avec sa femme et qui surveille son restaurant sans prononcer un mot pendant toute la soirée. Un peintre qui vous regarde attentivement et vous demande d'où vous êtes, et en attendant le mot dangereux, l'Arménie, sourit et dit «Bonjour» en arménien...

Palais Dolma Baktché
Istanbul me touche au cœur chaque fois que j y vais. Mais toujours, en me promenant dans ses rues, en sentant la mer, je n'arrive pas à me débarrasser d'une scène qui me hante. Le 24 avril 1915. Les intellectuels arméniens d'Istanbul, la crème de la crème de mon peuple, ils ont été raflés et fusillés par le gouvernement de Jeun-Turcs, accusés d'un complot contre la Turquie. Ici, à l'Istanbul, une ville qui me coupe de souffle par ses couleurs, par sa diversité, par son énergie et vivacité. Une ville que j'adore et déteste en même temps. Mais une ville qu'il faut absolument visiter.

Sunday 15 December 2013

Barcelone : pas seulement Gaudi




 Barcelone… Aujourd’hui une de destinations les plus populaires pour les touristes du monde entier, cette ville gagne son charme irrésistible par ses deux directions architecturales, l’architecture gothique et l’architecture moderniste. Et si en se promenant en Bari Gotique on se sent toujours dans l’Europe de Moyen Âge, le quartier moderniste qui s’appelle Eixample est l’hymne de l’architecture Art Nouveau et moderne.

En fait Modernisme était un mouvement présent dans tous les arts catalanes , et pas seulement l'architecture . Modernisme a coïncidé avec la Renaissance catalane se déroulant au cours de la même période et est devenu son expression esthétique et culturelle. Vers le milieu du 19e siècle, en Catalogne, la richesse et la puissance ont grandi, et la région était en train d’établir son identité nationale, séparée de Castille en Espagne - par la restauration de sa langue ( après 150 ans d'oppression ) et aussi par idées modernes . Ce mélange de la pensée progressive s’est manifestée très fortement dans l’image de Barcelone, l’image matériel, mais aussi – l’immatériel, l’esprit unique de cette ville.

Passeig de Gracia
Bien sûr, cette ville et son architecture Art Nouveau seront toujours associées au nom d’Antoni Gaudi, l’architecte célèbre dont le nom est la vraie marque de Barcelone. Oui, c’est un génie incontestable, un génie un peu fou et toujours imprévisible. Quand même, lors de ma visite a Barcelone je trouve que, malheureusement, sa gloire a complètement détrôné les autres architectes de la ville qui sont extraordinaires et très doués, leur seule faute étant qu’ils ne sont pas de génies fous, comme Gaudi.

C’est en promenant sur Passeig de Gracia, le boulevard central d` Eixample, le quartier moderniste de Barcelone, que j’ai compris : il y a seulement deux bâtiments de Gaudi ici, mais tout le boulevard et magnifique et stupéfiant. 

Juste à coté de Casa Batlo de Gaudi, on voit la Casa Amatller construite par l'architecte Josep Puig i Cadafalch en 1898 sur commande du chocolatier Antoni Amatller pour y établir sa résidence. 

Casa Amatller et Casa Batlo
Un autre bâtiment fascinant sur Passeig de Gracia la Casa Lleo Morera est construit par le vrai fondateur d’architecture moderniste de Barcelone, Lluis Domenech i Montaner qui a même enseigné Gaudi a l’école d‘architecture de Barcelone. Montaner aussi était l’idéologue même de Renaissance catalane, c’est son essai La Renaixença qui résume le mouvement et son rôle dans l’identité nationale des Catalans. 

 
Casa Lleo Morera

Ces œuvres principales incluent aussi des autres bâtiments importants de Barcelone, comme le Castel de Très Dragons et Palau de la Musica.
 
Palau de la Musica

Si vous êtes en Barcelone, et si vous avez apprécié déjà tous ces architectes incroyables, et vous êtes déjà amoureux de l’Art Nouveau (comme je le suis), c’est le temps de visiter un café légendaire, Els Quatre Gats (Les Quatres Chats). Le café Els Quatre Gats a été ouvert en 1897 par les quatre artistes Miguel Utrillo , Pere Romeu , Ramón Casas et Santiago Rusiñol . Les quatre amis ont organisé des expositions et des concerts au café . Picasso a eu sa première exposition à la Els Quatre Gats. Le café est situé dans un bâtiment construit par Cadafalch, la Casa Marti et il préserve l’atmosphère des arts et de la beauté de l’Art Nouveau.
Casa Marti et l'entrée d'Els Quatre Gats

Vous regrettez toujours que je n’aie pas parlé de Gaudi? Moi, je l’adore vraiment, mais j’ai tant voulu donner crédit aux autres auteurs de Barcelone, qui m’ont choquée et fascinée. Ils méritent bien un billet, ne c’est pas ?

Une photo "must have"!

Sunday 1 December 2013

Erevan: une ville dont j'ai divorcé



J'ai hésité beaucoup avant d'écrire un billet sur ma ville propre, Erevan. Mes relations avec ma ville sont devenues compliquées comme ceux des anciens amants. Nous nous aimions pendant des années, mais aujourd’hui nous sommes divorcés, Erévan et moi. Je l'ai quitté, en le laissant aux autres.


Je ne veux pas donner trop de détails historiques ou géographiques ici. Après tout, tout cela se trouve dans Wikipedia . Je préfère plutôt a réfléchir sur les relations complique que j’ai avec ma ville.

Ma ville est trop mutable. Je me demande si toutes les villes sont comme ça. Ayant presque 3 mille ans d’histoire, l’image de la ville change avec chaque période historique. La ville se débarrasse de tout ce qui peut évoquer les mémoires de la passé… Je me demande pourquoi ça arrive à Erevan. Je n’ai jamais vu un phénomène pareil nulle part…

Même pendant la durée de ma vie, Erevan a changé son profil plusieurs fois. La ville de mon enfance, Erévan des années 1980s, était une ville soviétique, avec un petit centre plus vieux, une relique d’Erévan présoviétique. L’image architecturale de la ville réussit à joindre beaucoup d’éléments ethniques avec les meilleures traditions de l’architecture soviétique, mais quand même on pourrait toujours voir l’influence idéologique. Malheureusement, c’est l’idéologie qui a détruit beaucoup de l’architecture de 19e siècle – comme relique du passé monarchiste. Quand même, Erevan de mon enfance était une belle ville, une de plus libres et libérales villes de l’Union Soviétique. Beaucoup de l’art contemporain, beaucoup de jazz, les intellectuels dans les cafés, l’air de l’opposition et le pressentiment de changement à venir. 


Puis, en 1990, l’Union Soviétique a chuté et mon pays a été plongé dans une guerre. Erévan de cette époque était laid, froid et sale. Pendant des années nous n’avions ni d’électricité ni de chauffage dans nos appartements, les cafés se sont vidés, et même si le jazz et l’art contemporain n’avait pas complètement disparu, il nous fallait penser tout d’abord de la guerre, il fallait battre et survivre. Même 20 ans âpres, je sens toujours le froid que j’ai eu en attendant dans les lignes pour acheter du pain, le pain était rationnée, les lignes étaient longues, et les gens ne ressemblaient du tout les Erevanais de mon enfance : trop fatigues, trop stressés. Nos maisons en pierre rose, le tuf, sont devenu gris à cause du fume des poêles improvisés que nous avions mis dans nos appartements modernes pour nous réchauffer.

La démolition du vieux Erévan
On est sorti de la guerre et de la crise vers la fin du siècle. Le 21e promettait une nouvelle vie à Erevan et à nous tous. Ça y était, la nouvelle vie…

Cette troisième transformation était pour moi le plus dure. Car ma ville est devenue une marchandise. Vendu aux nouveaux riches, le centre historique était démoli complètement. Les édifices commerciaux, les centres de commerce, les restaurants pleins du chic, souvent d’un gout douteux. Je ne sais pas comment décrire ce sentiment, mais un jour, pendant une de mes promenades traditionnelles, j’ai compris que j’ai perdu le lien avec ma ville. La décision était prise. J’ai divorcé de ma ville. 

 
La rue où je suis née en processus de démolition

Est-ce que je vais revenir? Je ne sais pas encore. Peut-être un jour je serai prête à accepter ces changements. Aujourd’hui, je les rejette.

Avenue du Nord construit au lieu du centre historique